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LES ALEURODES (ALEYRODIDAE) ou "Mouches blanches" des serres :

Ils constituent la Super-Famille homogène des Aleyrodoides (Chermides), des Sternorhynques de 1 à 3 mm; ce sont des insectes grégaires essentiellement exotiques vivant dans les sous-bois des forêts équatoriales chaudes et humides à la face inférieure des feuilles; de nombreuses espèces se retrouvent donc dans les serres chaudes des pays tempérés (tomates, concombres...) et deviennent nuisibles et seules existent quelques espèces indigènes à développement rapide estival; les adultes sont ailés dans les 2 sexes et les larves émettent une secrétion cireuse variable qui les fixe au support; tout le corps et les ailes sont couverts d'une fine pruinosité blanche secrétée par des plaques ciripares antéro-ventrales ...


"Mouches blanches" à la face inférieure d'une feuille de tomate


Adultes mâles et femelles d'Aleurodes sur une plante d'appartement Brighamia insignis ou "Palmier d'Hawaï" (F/ Campanulacées)
(chez d'autres espèces, les adultes ne sont pas sexués mais issus de parthénogénèse!)


Rappel : Place dans la Classification : voir page 10

-O/ Hémiptères
-s-O/ Homoptères
-section/ Sternorhynques : antennes dépourvues de soie rigide (fouet)
-S-F/ Aleyrodoides : antennes de 7 articles, mâles et femelles à ailes opaques
-F/ Aleurodides

Caractères essentiels de la Famille des Aleurodides ou Aleyrodides :

-à l'origine environ 300 espèces tropicales et équatoriales dont de nombreuses se retrouvent dans les serres chaudes des pays tempérés
-imagos petits aux téguments mous très fragiles s'écrasant au moindre contact !
-corps élancé à tête triangulaire pourvue de 2 gros yeux latéraux muriformes (souvent séparés en 2 masses)
-antennes fines de 7 articles : les 2 premiers sont renflés et les autres effilés portent des organes sensoriels ou sensoria


Adultes mâles de l'"Aleurode du Brighamia" (microphotos M.Blaise)
(on devine les soies sur les tibias 3 servant à racler la cire issue des plaques antéro-ventrales répandue ensuite sur le corps!)


Antenne d'Aleurode (ss=sensoria)-Nervation type d'Aleurode


Antenne de l'"Aleurode du Brighamia" de 7 articles (les 2 premiers très renflés et sans sensori; les flèches indiquent l'emplacement des sensori) (microphoto M.Blaise)

-thorax avec meso- et metanotum très développés (muscles du vol)
-2 paires d'ailes bien développées arrondies à l'apex, d'un blanc pur neigeux (poussière cireuse) mais parfois des taches ou bandes plus sombres; nervation simplifiée à 1 fourche avec R+M indépendantes
-ailes postérieures identiques aux ailes antérieures mais fonctionnant indépendamment (muscles alaires du metanotum aussi importants que ceux du mesonotum)


Variations alaires chez quelques espèces d'Aleurodes (d'après Quaintance et Baker)
(A=Udamoselis, B=Leonardius, C=Aleurodicus, D=Paraleyrodes, E=Aleurochiton, F=Dialeurodes, G=Neomaekellia)

-pattes fines longues (postérieures saltatoires par détente, le saut ne servant qu'à l'envol)
-tous les Aleurodes cheminent sur la pointe de leurs tarses (à 2 articles) terminés par 2 griffes et un paronychium (lobe adhérent impair entre les griffes)


Extrémité de la patte d'Aleurode...(microphotos M.Blaise)

-les oeufs sont pondus dressés verticalement et souvent en "cercle", le rostre fiché servant de point d'appui central, à la face inférieure des feuilles (oeufs ovalaires avec pédoncule de fixation fiché dans les tissus foliaires)


"Aleurode du Brighamia" : Extrémité abdominale femelle avec ovipositeur ventral - Oeuf avec pédoncule (microphotos M.Blaise)


"Aleurode du Brighamia" : Extrémité abdominale mâle avec les "pinces" - "pinces" mâles (microphotos M.Blaise)


Détail des "Pinces" de l'"Aleurode du Brighamia"...(microphoto M.Blaise)


Ponte circulaire d'un Aleurode (d'après Weber in Boubée)-oeufs disposés en cercle (photo M.Boulard) - Autre photo d'une ponte circulaire sur chou

-larves très différentes des imagos : aplaties, ovales ou orbiculaires émettant une secrétion cireuse variable frangée d'une bordure de fils cireux (forme et position variables); cet abri cireux s'appelle le puparium; il s'agit ici d'une véritable métamorphose : larve nouveau-née normale et mobile puis elle s'aplatit, se rétracte et édifie cet abri cireux qui la scelle au support (pattes et antennes réduites à des moignons, aveugle...); cette larve subit 3 mues; l'insecte adulte sort par une fente en T qui persiste sur le puparium abandonné ! Le type de puparium sert à l'identification des Aleurodes!
-la production de miellat favorise, comme chez les Psylles, l'apparition de fumagine (noircisemnt du à des champignons comme le Botrytis...)


Eclosion de Trialeurodes vaporariorum (Westw.)-Types de pupariums (d'après H.Weber)




Puparium sur face inférieure des feuilles de Rubus...(photos A.Wojtyra, Oise)


Puparium ouvert (fente en T) d'Aleurode sur feuille de Rubus...(photo A.Wojtyra)


Pupariums (larve IV) d'"Aleurode du Brighamia" avec ses ornementations spécifiques et ses poils cireux...(microphotos de droite en lumière polarisée de M.Blaise)

On trouve en France, hors des serres, quelques espèces indigènes à développement rapide estival (formes hivernantes adultes ou larvaires) :
-Aleurochiton aceris : 1-2 mm, sur platanes...
-Aleyrodes brassicae : 1-1,5 mm, jaune avec petites taches noirâtres, nuisible aux jeunes choux...
-Aleurodes menthae : 1-1,5 mm, nervure M des antérieures arquée et coudée, sur les menthes...




Aleurode du "Platane" Aleurochiton aceris : pupariums de la génération hivernale en vue dorsale et ventrales (photos M.Blaise)


Autres pupariums d'Aleurochiton aceris sur Acer campestre...(photos A.Wojtyra)






Autres puparii d'Aleurochiton aceris recueillis en automne sur feuille d'Acer campestre, gardés en boîte d'élevage juqu'à émergence d'un adulte en mars...(suivi et photos d'A.Wojtyra)


Aleurodes sp sur framboisier - Aleurodes menthae - Trialeurodes vaporiarorum ou "Aleurode des serres" - Aleyrodes sp....(photo M.Chevriaux)


Autre imago d'Aleurodide non identifié...(photo P.Falatico)


Pullulation d'Aleyrodes proletella adultes avec leurs oeufs (déposés en cercle) à la face inférieure d'une feuille de chou - présence d'une petite "Coccinelle" Scymnine venue se nourrir des "Aleurodes" (photos G.Chauvin)


Larves d'Aleyrodes proletella se déplaçant sur feuille de chou...(photos A.Wojtyra)
(ces larves produisent beaucoup de miellat responsable de la fumagine)




Autres Aleyrodes proletella en nombre sur chou : imagos femelles et mâles au milieu des pupariums...(photos A.Wojtyra)
Les mâles sont plus petits que les femelles; les femelles nouvellement émergées sont très recherchées !)


Mymaride du genre Alaptius parasitoïde de l'Aleurode Aleyrodes proletella sur chou...(photos A .Wojtyra)
(Alaptius minimus serait l'Hyménoptère le plus petit connu : 0,5 mm !)


Clitosthetus arcuatus, Scymnine auxiliaire dans la lutte contre les Aleurodes du chou (montage photo G.Chauvin)


Un Hémiptère Anthocoride Anthocoris confusus vient aussi se nourrir des larves et nymphes (pupariums) d'"Aleurodes du chou" (photo G.Chauvin)




Diverses vues d'Aleyrodes sp. au revers d'une feuile de Rubus (photos A.Wojtyra, Oise)


Aleyrodes sp. et ses oeufs...(photos A.Wojtyra)


Un plus gros plan montre les oeufs alignés de l'Aleurode sur une sorte de "tapis" cotonneux protégé au-dessus par un filet...(photo A.Wojtyra)


Petit Hyménoptère Scélionide sauteur mâle Trimorus sp. parasitoïde oophage des oeufs d'Aleyrodes proletella sur chou


Puparium d'Aleurode; celui de droite a libéré l'adulte... (photos A.Wojtyra)






Puparium ovale et aplati d'où a émergé un adulte probablement d'Aleyrodes lonicerae...(photos A.Wojtyra, Oise)

En septembre, la face inférieure des feuilles de l'Aubépine peut être entièrement couverte de pupariums de Siphoninus phillyreae :




Ici, les pupariums sont encore fermés...


Ici, les pupariums sont ouverts avec leur fente en T et ont libéré les imagos partis ailleurs...

Les photos suivantes d'A.Wojtyra (Oise) concernent la présence de l'Aleurode de l'aubépine sur Crataegus oxyacantha, probablement, d'après l'aspect des pupariums, Siphoninus phillyreae (on peut trouver également Trialeurodes pergandei et Aleyrodes crataegi sur aubépine...) :


Pupariums (certains ouverts et vides) de Siphoninus phillyreae...


On voit ici un rejet de miellat...


Pupariums et imago de Siphoninus phillyreae...


Une larve de Psoque se baladant au milieu des pupariums - une larve de Coccinellide (probablement de Clitosthetus arcuatus) prédatrice


La larve semble se nourrir du miellat avant de "manger" le puparium ?


Nymphe de Clitostethus arcuatus au mlilieu des pupariums de Siphoninus phillyreae à la ressemblance étonnante...(photos A.Wojtyra)

Quelques jours plus tard, l'imago de cette "coccinelle" a émergé de la nymphe :




La "Coccinelle" Scymnine Clitosthetus arcuatus vient d'émerger de sa nymphe...(photos A.Wojtyra)

La larve du Diptère Drosophilide Acletoxenus formosus se nourrit aussi de ces Aleurodes :






Diverses vues de la larve d'Acletoxenus formosus se nourrissant des pupariums de Siphoninus phillyreae sur Crataegus...(photos A.Wojtyra)


Acletoxenus formosus : Larve venant de se nymphoser - Pupe vide au milieu des pupariums de Siphoninus phillyreae sur Crataegus


Acletoxenus formosus femelle sortie de sa pupe...


L'imago femelle d'Acletoxenus formosus, environ 2 mm...(photos A.Wojtyra)

Les photos suivantes représentent les étapes de la sortie ("naissance") du puparium de Siphoninus phillyreae jusqu'au stade imago parfait : photos A.Wojtyra








Autres pupariums et imago de Siphoninus phillyreae sur Fraxinus (photos A.Wojtyra)


Autre émergence difficile d'un Siphoninus phillyreae dont une des patte reste collée au reste du puparium...


L'"Aleurode de la Viorne' Aleurotrachelus jelinekii : larve, environ 1 mm, en forme de coque noire (en hiver) avec protubérances de cire blanchâtre, sur feuille de "Laurier-tin" Laureus tinus en mars ...(photos A.Wojtyra, Oise)

l'espèce la plus connue en France est "l'Aleurode des serres" Trialeurodes vaporiarorum car elle a donné lieu à un des premiers exemples historique de lutte biologique sous serres à tomates : la "Mouche noire" Encarsia formosa, parasite des pupariums, contre la "Mouche blanche"
(voir la lutte biologique page 16 et les Chalcidiens Aphelinides parasitoïdes page 14ter-33)

L'"Aleurode de serres" est aussi un vecteur de contamination secondaire véhiculant le mycélium des jeunes spores de champignon de plante en plante comme dans la maladie de la "Galle foliaire" ou "Fausse cloque" de l'Azalée : feuilles déformées en rosette au limbe durci et bombé recouvert de mycélium blanc comme sur les photos suivantes :


La "Fausse-cloque de l'Azalée" Exobasidium vaccinnii transmise par des Aleurodes...

Mais d'autres espèces se développent en même temps que se développent les cultures florales et légumières sous serres comme Bemisia tabaci


2 Hyménoptères parasitoïdes utilisés dans la lutte biologique et intégrée contre l'Aleurode des serres : Encarsia formosa - Eretmocerus eremicus

Le recours à des parasitoïdes auxiliaires n'est pas toujours efficace notamment en cultures florales (roses) sous serre : des Néerlandais expérimentent un Acarien prédateur Euseius ovalis contre l'"Aleurode des serres"...Dernière info : une société hollandaise commercialise, à la suite de nombreux essais, un nouvel auxiliaire Acarien prédateur d'Aleurodes et de Thrips : Amblyseius swirskii...


Aleurothrixus floccosus, inféodé aux Citrus méditerranéens : oeufs(pondus en cercle) et adultes (2-3 mm) - Larves des différents stades (nettoyées de leur miellat) (photos INRA Antibes)


Cales noaki, Hyménoptère Chalcidien Aphelinide (0,6 mm de long) : femelle pondant sur une larve d'Aleurothrixus - Trous de sortie sur larves d'Aleurothrixus de 3e et 4e stades (photos INRA Antibes)

Les Aleurodes sont de petits insectes fragiles difficiles à mettre en collection; l'intérêt qui leur est accordé vient du développement des cultures légumières et florales sous serres et de leur cortège de ravageurs dont les Aleurodes font partie; mais en 1971, on a également introduit dans le Midi un Hyménoptère parasitoïde américain (Chili) qui a bien joué son rôle, Cales noaki contre l'Aleurode des agrumes Aleurothrixus floccosus apparu en 1966 dans les vergers de la région de Nice; l'originalité de la biologie de ces "Mouches blanches" vient de la véritable métamorphose (allométabolie) qu'elles effectuent à l'intérieur de leur abri cireux, le puparium !





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