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F-Les Organes stridulatoires des Insectes



Beaucoup d'Insectes sont "musiciens" : ils stridulent ("Chant" des Insectes).La stridulation correspond au frottement d'une partie de leur corps contre une autre :friction. Ces stridulations ont un rôle sexuel (favoriser la rencontre mâle et femelle) mais aussi pour éloigner un mâle éventuel ou effrayer un ennemi Le bruit émis de chaque insecte a un rythme, une fréquence et un timbre spécifiques Ce sont souvent les mâles qui "chantent" (Orthoptères...) mais ce peut être les 2 sexes




La stridulation est la friction d'une râpe ou archet (alignement de stries,côtes,de dents,de petites épines...) sur le grattoir (saillie,bord vif...:plectrum,chanterelle...)


Les dispositifs de friction peuvent être sur :
-les élytres (dispositif élytro-élytral : "Sauterelles", "Grillons)
-les pattes ("Criquets",Hémiptères Corises...)
-le thorax (Coléoptères Cérambycides...)
-l'abdomen (Coléoptères Criocères,Nécrophores,larves de Passalus)

Certains Insectes ont d'autres moyens de produire un "chant":
-percussion (certains Termites,Coléoptères xylophages Anobium)
-circulation d'air (Sphinx "Tête de mort")
-grande vitesse de battement des ailes ou "bourdonnement" :("Moustiques", "Bourdons"...)
-déformation de membranes : cymbalisation des "Cigales"

Nous n'étudions ici que la stridulation vraie par friction (donc pas les "Cigales" !)


1-Cas du "Grillon" (O/Orthoptères, s-O/Ensifères, F/Gryllides):Gryllus,Oecanthus,Nemobius...

Toute la surface de l'élytre est adaptée à la stridulation


-Les grillons stridulent en soulevant obliquement les 2 élytres : l'élytre droit recouvre le gauche; les 2 élytres ont les mêmes structures de stridulation
-L'élytre droit porte à la face inférieure la râpe ou archet qui va frotter contre la chanterelle ou plectrum de l'élytre gauche
-2 grandes plages membraneuses,harpe et miroir, amplifient les sons

Donc, c'est toujours le frottement de l'élytre droit sur le gauche qui produit un chant (seul, l'archet de l'élytre droit est utilisé)

-Le récepteur des sons correspond aux 2 fossettes auditives situées sur les tibias des P3
-La fonction principale de ce chant est le rapprochement sexuel !

Chez 2 autres "grillons" Oecanthus et Nemobius, chaque élytre joue son propre rôle !



Appareil stridulatoire sur les élytres du Grillon domestique ou "Cri-Cri" (Gryllus domesticus)


Elytre gauche de Gryllus campestris mâle vu de dessus...(photos P.Falatico)


Elytre gauche de Gryllus campestris mâle vu de dessous


Détail de la râpe ou archet du dessous de l'élytre qui ira frotter contre la chanterelle de l'autre élytre...(photo P.Falatico)


Grillon mâle des champs (Gryllus campestris)-Grillon mâle du Midi ou "Grillon d'Italie" (Oecanthus pellucens) photo M.Chevriaux


Râpe de Gryllus-Râpe d'Oecanthus (le trait indique 3mm : Doc.INRA MEB)


Râpes stridulantes de Gryllus et d'Ephippiger mâles (photos M.E.B de G.Chauvin)


2-Cas des "Sauterelles" (O/Orthoptères, s-O/Ensifères, F/Tettigoniides):Tettigonia,Decticus,Ephippiger...

Ce sont les mâles qui stridulent;l'organe stridulant n'occupe que la base de l'élytre ou tegmen; l'élytre gauche a une partie colorée et épaisse avec une nervure stridulante ou râpe très marquée; l'élytre droit a des nervures faibles et un tympan ou tambour ou miroir transparent (surface vibrante)

C'est toujours le dessous de l'élytre gauche dont l'archet frotte le bord de l'élytre droit et dont le grattoir est le bord interne de l'élytre droit (nervure saillante)


L'appareil stridulant n'occupe que la base du tegmen (élytre) chez les "Sauterelles" mâles comme ici Decticus albifrons (photos P.Falatico)


Elytres de "Sauterelle": g=gauche,d=droit,m=râpe,n=nervure saillante,p=tambour ou miroir


Coupe schématique montrant le fonctionnement-Râpe d'Ephippiger (Doc.INRA MEB)



Organes stridulants des élytres de 2 "sauterelles" mâles : Tettigonia et Decticus

La sauterelle écarte l'une de l'autre ses élytres (tegmen) mais seulement sur le dos pour former une chambre de résonance et referme brusquement ses élytres en frottant la nervure transversale (râpe) de l'élytre gauche sur le bord du tympan de l'aile droite

Les photos suivantes de Pierre Falatico illustrent les organes stridudants des tegmen de Decticus albifrons mâle :


"Miroir" (ou "Tambour" ou Speculum ou parfois abusivement"Tympan") et "Archet" (ou râpe stridulante") au-dessous des tegmen...


"Miroir" vu du dessus des tegmen...


L'"Archet" situé au-dessous du tegmen gauche...


Détail de l'"Archet" avec ses crêtes chitineuses...


râpe de stridulation d'une "Sauterelle" exotique Enochletica (MEB: x45 et x450)

Chez les Ephippiger,les organes stridulants sont dans les 2 sexes (élytres très courts) mais la femelle stridule rarement


Ephippiger du Maroc

(L'Ephippiger des vignes Ephippiger ephippiger est appelée "tizi" chez moi en Bourgogne à cause de son chant)


Ephippiger ephippiger mâle et son organe de stridulation sur le dos : les 2 petits élytres modifiés frottent l'un contre l'autre par leurs râpes produisant un son amplifié par le bouclier parabolique du pronotum (photos C.Ollieu)


Autre "appareil stridulant" chez une autre Ephippigérine Uromenus rugosicollis (photos G.Rubatto)

3-Cas des organes stridulants sur les pattes:

-Cas des "Criquets" (Acridiens) :râpe ou crête stridulante sur le fémur des pattes postérieures (voir page 9bis : alignement de petit tubercules frottant sur un nervure de l'élytre); en pivotant ses pattes d'avant en arrière,les mâles produisent une double stridulation à synchronisation variable


Crêtes stridulantes des pattes postérieures de 2 "criquets" Truxalides : Mecostethus et Stauroderus - Crête stridulante tuberculeuse du fémur interne postérieur de Chorthippus sp.





La crête stridulante nette sur le fémur 3 de l'Acridide Arcyptera fusca (photos P.Falatico)


La râpe stridulatoire du "Criquet" mâle (Omocestus ventralis) sur la face interne du fémur 3...




La râpe stridulatoire interne du fémur va frotter contre le plectrum du tegmen...(photos P.Falatico)

Chez les "Criquets" Oedipodines, la râpe du fémur interne postérieur n'a pas de petits tubercules; il existe une nervure supplémentaire intercalaire dans la champ médian du tegmen (Vena intercalata) qui possède ces petits tubercules :


Crete interne (sans petits tubercules !) du fémur postérieur mâle d'Oedipoda caerulescens


La "Nervure intercalaire" (Vena intercalata) du tegmen d'Oedipoda sp. mâle (photos P.Falatico)
(on peut donc dire, en observant le frottement, que c'est la saillie nette externe du fémur des Oedipodes (saillie plus marquée que chez les autres "Criquets") qui frotte contre la nervure intercalaire du tegmen, la petite crête interne lisse n'étant pas assez en saillie pour intervenir dans la stridulation...?)

-Cas des Hémiptères aquatiques Corises : le tarse antérieur frictionne la base des fémurs et la face ventrale de la tête (d'autres espèces stridulent en grattant les arêtes transversales du clypeus avec le tarse)


Stridulation chez 2 Hémiptères : Réduve (A) et Corise (B) (d'après Weber)







Stridulation chez la Réduve Rhinocoris : le rostre gratte une fente striée sternale située à la base des P1 (photos P.Falatico)


4-Cas des organes stridulants sur le thorax:

-Cas de certains Coléoptères Cérambycides Capricornes : présence d'une plage striée sur la partie dorsale du mésothorax sur laquelle frotte le bord postérieur du pronotum ("capuchon")


Grand Capricorne-Plage striée du mésothorax du Capricorne (Doc.INRA MEB)



La pointe abdominale sternale (abdomen 1) et le tubercule sternal pro-mesothoracique constituent-ils un appareil de stridulation pour ce Pentatomide en vue ventrale ?? (photo P.Pinson)

5-Cas des organes stridulants sur l'abdomen:

-Cas des Coléoptères Nécrophorides et Silphides : crête transverse de l'élytre frottant sur 2 côtes striées du tergite abdominal antérieur


Stridulation d'un Nécrophore, élytre droit enlevé et retourné montrant le plectre en bas de l'élytre qui frotte contre les arêtes d'un segment de l'abdomen-arêtes abdominales (MEB) (d'après Weber)


6-Cas particuliers : ils sont surement très nombreux...

-Cas des Hémiptères Réduvides : stridulation produite par le frottement de l'apex rugueux du rostre dans un sillon prosternal ridé transversalement
-Cas remarquable des larves de Coléoptères Passales : appareil stridulant formé par une surface striée des hanches des P2 sur laquelle gratte l'ongle de la patte P3 très raccourcie


Mécanisme de stridulation chez la larve de Passalus (d'après Paulian)




La Mort lente des Insectes, sans stridulation, par le parastisme fongique est peu observée et pourtant cette mort silencieuse "à petit feu" par perte progressive de tous les sens n'est pas rare (on trouve des Diptères Muscides ou Empidides momifiés sur des fleurs, des petits et gros Hyménoptères encore un peu actifs recouverts de mycélium...en printemps humide surtout) :


Bombus sp. parasité par Entomophtora sp. - Diptère également parasité figé sur une plante


Diptère "Scatophage stercoraire" mâle à l'abdomen enflé mort parasité par un Entomophtora et figé au sommet d'un Hibiscus


Les "Scatophages stercoraires" sont souvent retrouvés morts figés par le parasitisme fongique d'Entomophtora muscae au début du printemps...(photos P.Prevot)


"Abeille solitaire" Andrène parasitée par Entomophtora sp. en mai - Criquet momifié par un autre Entomophtora (photo P.Falatico)


"Mouches" mortes parasitées par Entomophtora muscae...(photos P.Falatico)


Chenille de Géométride parasitée par Cordiceps gracilis (photos H.Robert)


Guêpe Vespula parasitée par Cordyceps sphecophila (photo H.Robert)



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